Parcours d’anciens #9 – ENS Paris-Saclay

Votre prépa de proximité. Journée portes-ouvertes le samedi 3 février 2024 de 8h30 à 16h30.

Parcours d’anciens #9 – ENS Paris-Saclay

Salut à toi jeune taupin ! Sors le nez de tes livres quelques minutes pour lire cet article qui, j’en suis sûr, va t’intéresser. Toi qui travaille pour préparer des concours aux acronymes obscures, viens découvrir ce que tu pourras faire après avoir été reçu. Aujourd’hui, nous allons parler de l’Ecole Normale Supérieure Paris-Saclay.

L’école

Les ENS

Avant de te présenter mon école, laisse-moi te présenter les Ecoles Normales Supérieures. Elles sont au nombre de quatre, la plus prestigieuse étant celle de la rue d’Ulm à Paris, fondée en 1826. Les autres ENS ont vu le jour au XXe siècles : Paris-Saclay (ex-Cachan), Lyon et Rennes. Parmi ces quatre, seules les trois premières sont accessibles via le concours PC, l’ENS Rennes, qui est à l’origine une antenne de l’ENS Cachan, n’ayant pas de département Physique ou Chimie.

Ces établissements ne sont pas des écoles d’ingénieurs, mais des écoles de la fonction publique qui amène à des carrières de chercheur et d’enseignant dans tous les domaines. Les ENS ont en effet des départements couvrant toutes les disciplines scientifiques, économiques et littéraires.

L’ENS Paris-Saclay

L’ENS Paris-Saclay est née ENSET (Ecole Normale Supérieure de l’Enseignement Technique) à Cachan en 1932, après avoir constitué une section de l’Ecole Nationale Supérieur d’Arts et Métiers. Ces origines techniques font toute la particularité de l’établissement, il est aujourd’hui l’ENS de référence pour les sciences de l’ingénieur tout en mettant à l’honneur les disciplines des sciences humaines et sociales.

Facade
Crédit : Gaël Pongnot
Jardin
Crédit : Gaël Pongnot
Rue intérieure
Crédit : Gaël Pongnot

L’ENS Cachan est devenue Paris-Saclay en intégrant l’université Paris-Saclay. L’établissement a également déménagé en 2020 vers des locaux flambant neufs du plateau du Moulon à quelques centaines de mètres de CentraleSupélec et de l’école Polytechnique. L’université Paris-Saclay regroupe, administrativement et géographiquement, une grande partie des écoles au sud de Paris (CentraleSupélec, AgroParisTech, ENS Paris-Saclay et Institut d’optique graduate school) avec les universités du secteur.

Le plateau de Saclay est en pleine effervescence, il accueille l’université Paris-Saclay mais également l’institut Polytechnique de Paris (Polytechnique, HEC, etc…) et des centres de recherches publics et privés (CEA, C2N, EDF Lab, Safran, Thales, Danone, …). Cette proximité permet de nombreuses interactions entre écoles et avec les professionnels.

Choisir son département

En arrivant à l’ENS vous aurez un choix difficile à faire, après avoir étudié la Physique, la Chimie et les Mathématiques en prépa, vous devez choisir votre département. A Paris-Saclay, il y a :

  • Sciences fondamentales
    • Biologie
    • Chimie
    • Informatique
    • Mathématiques
    • Physique
  • Sciences pour l’Ingénieur
    • EEA : Electronique, Electrotechnique et Automatique (le mien)
    • Génie civil et environnement
    • Génie mécanique
  • Sciences de l’homme et de la société
    • Design
    • Langues
    • Sciences humaines et sociales

En principe, un normalien peut choisir n’importe quel département (y compris ceux qui ne correspondent pas à ses études antérieures). Cependant, à Paris-Saclay, pour s’assurer de la motivation et des capacités du normalien, un système de dossier est organisé si vous souhaitez un département qui ne vous est pas prédestiné. Pour les PC, les départements normaux sont, et c’est logique, ceux de Physique et de Chimie.

Quand vous souhaitez, comme ça a été mon cas, intégrer un autre département, vous devez constituer un dossier de motivation et un jury statue entre trois options : intégration directe (oui sans condition), année joker (oui mais), refus (non définitif). En pratique, pour un PC, choisir les SI mène à une intégration directe et choisir math ou info conduit à une année joker. Mais c’est quoi une année joker ? Pour comprendre il faut d’abord que je vous explique ce qu’est le statut de normalien.

Le statut de normalien

Les ENS font partie de ces écoles de la fonction publique où les élèves ont un statut particulier (comme Polytechnique ou l’ENTPE par exemple). Ainsi, un élève reçu sur concours aura le statut de fonctionnaire stagiaire et sera rémunéré à hauteur d’environ 1300€/mois net. Ces normaliens sont appelés normaliens élèves par oppositions aux normaliens étudiants qui ont été reçus sur dossier et n’ont pas cet avantage. En contrepartie de cette rémunération, les normaliens élèves s’engagent à travailler 10 ans dans la fonction publique, études incluses, sous peine de devoir rembourser une partie des sommes perçues.

Et l’année Joker du coup ? Et bien, l’ENS vous doit 4 ans, et vous devez réussir 4 années d’étude, si vous ratez une année vous devez donc prendre une année sans traitement (non payée) pour redoubler. C’est pourquoi, l’année Joker existe, lorsque vous êtes en année Joker vous n’êtes pas rémunéré, si vous réussissez votre année tant mieux et vous recevez toutes les sommes non perçues, si vous n’y arrivez pas ce n’est pas grave, vous intégrerez un département qui vous était prédestiné comme primo-entrant et conservé votre droit à 4 années d’études rémunérés. Ce système est un parachute lorsque vous souhaitez vous lancer dans un domaine où vous n’avez pas les mêmes prérequis que les autres.

Le parcours du normalien

4 ans d’études ? Mais pourquoi ? Une école d’ingénieur c’est 3 ans.

Oui, 4 ans, car outre le cursus L3-M1-M2 classique vous effectuez une année spécifique de parcours. Cette année peut être :

  • La voie classique : M2 Formation à l’enseignement supérieur, pour passer le concours de l’agrégation,
  • La voie recherche : Année dans un laboratoire de recherche à l’étranger, entre le M1 et le M2, pour commencer tôt sa carrière de chercheur,
  • La voie interdisciplinaire : une L3 dans un autre département, pour approfondir un autre domaine et faire le lien entre les deux disciplines.
Le parcours normalien
Crédit : Gaël Pongnot

Le département EEA

Comme je l’ai dit, j’ai intégré le département EEA, car je me suis découvert en prépa une passion pour l’électronique. J’aurais pu intégrer le département de Physique, mais je n’avais pas envie de devenir chercheur ou enseignant. Les départements de sciences pour l’ingénieur offrent (de par leur proximité avec les industriels) des opportunités de carrière plus larges que les sciences fondamentales. Ce département n’étant pas la voie logique d’un PC, j’ai du passé par la procédure du dossier, et j’ai obtenu une intégration directe.

L’année Saphire

La formation au département EEA commence par une année commune à tous les départements de sciences pour l’ingénieur. Ceci permet à la fois de découvrir de nombreux domaines mais également à affiner les choix entre les départements de SI. Parmi les cours proposés il y a :

  • Mathématiques pour la modélisation et la simulation
  • Comportement des matériaux
  • Milieux continus, lois de conservation, lois de comportement
  • Traitement du signal

Le choix s’affirme au second semestre par les spécialités, qui préparent l’entrée dans le département choisi :

  • Ingénierie Mécanique :
    • Ingénierie de Conception et Ingénierie Système
    • Commande des systèmes mécatroniques
    • Introduction à la physique des procédés de fabrication
  • Ingénierie Électrique :
    • Electronique numérique
    • Physique des semi-conducteurs et électronique analogique
    • Traitement de l’énergie
    • Signaux, systèmes linéaires et commande
    • Électromagnétisme
  • Ingénierie Civile :
    • Comportement des ouvrages dans leur environnement
    • Conception des structures, ingénierie de l’acier
    • Matériaux et structures en béton

L’électronique

Parmi les domaines touchés par l’EEA, il y a bien sûr l’électronique. Alors, c’est quoi l’électronique ? Et bien c’est beaucoup de choses, mais disons que c’est tout ce qui touche aux circuits électriques. On peut distinguer plusieurs sous-domaines : l’électronique analogique, l’électronique numérique et l’électronique de puissance.

En électronique analogique on s’intéresse par exemple aux amplificateurs, aux télécommunications ou au conditionnement de capteur. En électronique numérique on parle de portes logiques, des bases de l’ordinateur et bien sûr de signaux binaires. Enfin, l’électronique de puissance fait le lien avec le domaine de l’énergie. Si ça t’intéresse, la chaine YouTube Deus Ex Silicium décortique tout un tas de circuits électroniques.

L’énergie

L’énergie électrique et la conversion d’énergie est l’autre axe majeur du département, on y étudie les transferts de puissance via l’électricité : machines électriques, réseaux électriques, convertisseurs de puissance (électronique de puissance) et compatibilité électromagnétique.

Les machines électriques sont une forte dominante du laboratoire Satie associé au département, on y étudie le comportement de ses machines ainsi que le développement de nouvelles technologies de machines de forte et de faible puissance. L’électronique de puissance, mon domaine, intervient partout aujourd’hui et dans tous les domaines : véhicules électriques, chargeur de téléphone, convertisseur forte puissance sur les réseaux haute tension, avec des technologies innovantes en cours de développement. Vous vous êtes toujours demandé ce qu’il y avait dans votre alimentation de laboratoire ou dans votre chargeur de PC ? Et bien la réponse c’est de l’électronique de puissance.

L’informatique industrielle

L’informatique industrielle correspond à l’informatique que l’on trouve dans les usines ou dans les composants embarqués. Elle se différencie de l’informatique classique par le fait qu’en informatique industrielle on est très proche du fonctionnement réel du composant, on est assis sur le silicium. On y apprend en particulier à programmer des microcontrôleurs, oui oui votre Arduino, mais là c’est bien-sûr sur des vraies cartes de développement professionnelles et de manière très approfondie. Si vous aimez la robotique, mais pas que, c’est le domaine qu’il vous faut !

L’automatique

Bon là on attaque un sujet sensible, vous n’avez pas aimé la SI à cause des cours d’automatique ? Moi non plus ! Et je n’aime toujours pas ça ! Mais il faut avouer que c’est très très puissant : véhicule autonome, train automatique, drone… Les applications sont infinies. Bon, pour vous réconcilier avec l’automatique,  voici une vidéo où il n’y a pas une seule formule.

Le traitement du signal

Le traitement du signal, qu’est-ce que c’est ? Vous savez ce que c’est une série de Fourier et une transformée de Fourier ? Vous voyez ce que c’est un filtre ? Et bien c’est ça ! Mais alors c’est ça puissance 1000 : filtres numériques, échantillonnage, conversion analogique-numérique, traitement d’image, apprentissage profond (Deep Learning, ce qu’on appelle aussi abusivement « intelligence artificielle »). C’est le cœur des maths appliqués. Bon aller, je vous mets encore une petite vidéo pour vous donner envie.

L’agrégation

L’an dernier j’ai été reçu au concours de l’agrégation de sciences industrielles de l’ingénieur option ingénierie informatique. Bon ok, mais ça veut dire quoi tout ça ?

Pour devenir professeur du secondaire et du supérieur, il y a deux concours possibles : le CAPES/CAPET et l’agrégation. L’agrégation est plus prestigieuse et plus sélective, elle est nécessaire pour enseigner dans le supérieur (BTS, CPGE, DUT), vos professeurs de CPGE sont donc tous agrégés et sont pour la plupart passés par une ENS. Sans rentrer dans le détail, voici les différentes agrégations scientifiques :

  • Mathématiques
  • Physique-chimie
    • Option chimie
    • Option physique
  • Sciences de la vie, sciences de la Terre et de l’Univers
  • Sciences industrielles de l’ingénieur
    • Option ingénierie des constructions
    • Option ingénierie électrique
    • Option ingénierie informatique
    • Option ingénierie mécanique

J’ai donc passé une année à préparer ce concours dans le cadre d’un M2 Formation à l’Enseignement Supérieur, spécialisé pour cette agreg, nommée INTRANET et dispensé à l’ENS Paris-Saclay. Cette réussite au concours m’assure un poste de professeur à ma sortie d’étude, mais je ne suis pas obligé de le prendre, cependant si j’y renonce il est perdu.

La vie associative

La vie associative, un grand classique lorsqu’on présente une école ! Bon là… je ne sais pas trop quoi vous dire, il y a un BDE comme dans toutes les écoles, un gala (« la nuit aNormale »), et différents clubs. Le BDE organise des pôts régulièrement (oui, c’est le vocabulaire de la fonction publique, ne riez pas) dans la Kokarde (avek un K komme Kachan), un par département, plus quelques autres pour des clubs. Les ENS se retrouvent chaque année pour une compétition sportive (les inter-ENS), et à Cachan on massacre Lyon au Rugby.

J’ai fait partie du [Kro]bot, le club de robotique de l’école, un bon moyen de s’amuser et utilisant ses compétences, un repère de méca, d’EEA et d’info, avec un objectif commun : la coupe de France de robotique. Construire un robot de A à Z n’est pas facile, surtout lorsqu’il faut respecter les exigences de la compétition, mais c’est très stimulant. Rien de plus plaisant que de voir le fruit de son travail se mettre en mouvement ! Maintenant j’ai toujours un robot en chantier sur mon bureau.

Kbot
Crédit : [Kro]bot
Logo du [Kro]bot
Entrainement pour la coupe
Crédit : [Kro]bot

Après l’école

Qu’est-ce qu’on fait après l’ENS ? D’abord on finit ses études ! 80% des normaliens font une thèse, bientôt il faudra m’appeler docteur. Une fois ces études terminées, les offres sont larges : professeur agrégé en lycée ou en CPGE, enseignant-chercheur en université ou en grande école, chercheur CNRS et bien-sûr tous les postes du privé ouverts à des docteurs (R&D, ingénierie experte, etc…).

Le mot de l’auteur

Qui suis-je ? Et bien je me suis un peu présenté au cours de cette article, je suis Gaël Pongnot, promo 2017. Actuellement, je suis en 4e année à l’ENS Paris-Saclay, j’étudie à l’université Paris-Saclay dans un master qui s’appelle Physique et Ingénierie de l’Énergie et qui est dispensé à CentraleSupelec. Bientôt je vais commencer un stage au laboratoire Satie de l’ENS Paris-Saclay sur l’électronique de puissance avec un projet en partenariat avec PSA. Ce stage me permettra de prendre mes marques dans le laboratoire car je compte réaliser ma thèse avec cette équipe sur ce même projet. Accessoirement je suis aussi président de l’association des Taupins de La Ramée, qui gère ce site et vous fournit ce contenu, alors j’espère que tout ça vous plait ! Contactez-moi à gael.pongnot@ens-paris-saclay.fr. A très bientôt.

Témoignage tourné en 2018, plus de témoignages ici